Extraits de poèmes
EXTRAITS DE POÈMES
HARMONIES ÉPHÉMÈRES Sylvie FÉVRIER ou Sylvie Aditi C’est le soleil nouveau Qui incendie la plaine. Un chant s’élève, Symphonie éphémère, Chœur bourdonnant des abeilles, Vibration du monde… Écrire. Entendre le chant des mots Que je tisse au fil de ses maux, De ses joies tandis que résonne Comme l’écho de moi, Les volutes de ta voix, Ton rêve d’envol… Ton désir de surprendre, de voir Au-delà des grands soirs, Une belle farandole Où les enfants du monde Te conteraient à la ronde En do, en si, en la bémol Une histoire sans fin, Un étonnant refrain D’une chanson nouvelle, Un amour-ritournelle Qui à jamais enchanterait Tes espérances secrètes, Cette aspiration, cette quête D’une belle harmonie Celle qui, au fond de moi, Du cœur de l’Infini, Briserait l’enfer noir Et ses fils barbelés, Afin que surgissent enfin Les hymnes sacrés De nos univers secrets. ALGÉRIE Pour Dahbia et Meriem Une pluie de notes claires, Le son langoureux de l’oud. Rêves passionnés De l’homme déchiré. Il parle de la guerre, De son pays dévasté Par la haine des frères, Du poète assassiné, Il pleure la liberté Il rêve de l’été, Du soleil ardent, De la mer étale, De l’amour brûlant Pour sa terre natale, Sa patrie insoumise Qui lève la tête, Refuse la traîtrise, N’a qu’une volonté EXISTER. Lance un cri primal, Hurle la douleur, L’indicible terreur, Qui s’abat infernale Sur les hommes perdus, Les femmes en sanglots Une note tenue, Sur un seul tempo… La langue a le secret de l’Identité. BAL Vous dansez, Jeunes Filles. Vos corps graciles ondulent, Langoureux, Vagues échevelées Soudain des mouvements saccadés Au rythme de la derbouka enflammée. Vos cheveux défaits Et vos robes virevoltantes, La grâce de l’arrondi D’un bras D’une main qui s’offre, Paume ouverte. Fleurs évanescentes, Corolles attendant l’amour. J’éteindrai une à une Les lampes électriques. A la lueur vacillante de ma flamme, J’écrirai mon testament, Tout cet or des mots Précieux héritage Que je laisserai Au Vent et à la Mer. Je me vêtirai d’embruns et de brumes Et je chanterai les poèmes secrets Que j’ai longtemps caché Au Monde Moderne. Ce sera la résistance A l’oubli du Verbe. Les autres si lointains, Zombies délétères, Perdus dans le néant, S’effaceront de ma mémoire. Seul demeurera Mon Patrimoine Universel, L’histoire des Origines et de la Vie. J’ai pensé le désir. Je l’appelais Amour. J’avais lu dans les livres Les passions enflammées Et les déchirures, L’extase des âmes-corps Et la perdition de soi Dans l’accouchement des Mondes. Je cherchais sur les visages croisés, Autant de pierres- repères Sur le chemin de l’Absolu. J’avais oublié L’Illusion du sourire, Le regard qui se voile Et les mots suspendus. Je me suis abîmée dans l’attente, Cette Union sublime Menant à l’harmonie. J’avais fini par la cerner Dans le désert… Un leurre cruel et narquois. HARMONIES Quand le soleil se lève, Que mon chant s’épanouit Quand mon âme s’élève Et que le Ciel me sourit, S’estompent les Ténèbres Où se perdaient les rêves. Alors des tréfonds de l’âme, Jaillit enfin la flamme, Crépitement de la vie. Puis explosion de lumières Et le Verbe surgit, Telle une épée, un éclair ! Déchirant la nuit, un cri Résonne dans l’Univers, Par-delà les silences, Les oublis, les absences, J’aime à tisser la toile Au gré de mon pinceau. Que naissent les étoiles, Les multiples galaxies, Miroirs de la Conscience ! Afin que dansent les mots, Les figures, les silhouettes De mes amours célestes. Car de mes compositions, Naîtront des bouquets de vers Des couleurs, des sensations, Un parfum d’allégresse, Une musique, un rondeau. Achevant la partition S’élève un chœur en liesse En un mouvement allegro… Un merveilleux tableau. |